A la rencontre de Michel ARNAUD – Trail des Citadelles

Nouvelle rubrique du site Midirun.fr, « l’interview de l’organisateur » vous amènera dans les coulisses de ces organisateurs qui travaillent toute l’année pour vous faire vibrer le week-end. Après un tour du côté de la basse Ariège et le Plantaurel, la haute Ariège et le Sabarthés, direction le pays d’Olmes avec le Trail des Citadelles !

L’organisateur interviewé : Michel ARNAUD – Trail des Citadelles … à toi !

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Bonjour Michel, tu présides depuis 2007 aux destinés du Trail des Citadelles, aujourd’hui la plus importante épreuve dans le calendrier Ariégeois !
* Le Trail des Citadelles, course 100% trail avec la découverte des châteaux de Montségur et de Roquefixade, est depuis 17 ans fortement plébiscitée et appréciée, quelles en sont d’après toi les raisons ?
Plusieurs raisons à cela : un parcours très intéressant, à la fois roulant et difficile en raison de la boue, de jolis sentiers, de beaux paysages, et tout cela ne faisant pas tout, une organisation qui reste chaleureuse et proche des coureurs, sans les prendre pour des porte-monnaie sur pattes. Le bouche à oreilles fait ensuite son œuvre.
* Mais au-delà de l’incontournable classique de Pâques : le « Paris-Roubaix » des courses nature, présente-nous la manifestation sportive en quelques lignes ? Qu’en est-il des différents parcours proposés ?
Je ne valide pas le terme « Paris Roubaix du trail » qui ne m’a jamais parlé ni séduit.
Le 22km est en gros un aller-retour de Lavelanet au château de Montségur, avec un gros dénivelé et un final qui pique rajouté depuis deux éditions. Le 40km se poursuit lui vers le château de Roquefixade et les belles chutes d’eau de Roquefort les Cascades, avec après une partie roulante le terrible Mur de Raissac et la crête finale. Le 70km reprend le tracé du 40km, avec en prime une boucle vers Bélesta et Fougax où l’on trouve les sentiers les plus sauvages.
* Tout le monde s’accorde à dire qu’un dirigeant doit être visionnaire, surtout en période de doutes. Toi et ton équipe, qu’est-ce que vous réservez aux concurrents pour la 18ème édition ?
Rien de spécial, on ne cherche pas à innover pour être dans l’air du temps. La course que l’on propose plait aux coureurs et nous satisfait également.
La seule nouveauté pour 2016 consistera en des portions du 70km qui ne seront pas dévoilées avant le jour de la course. Les coureurs auront ainsi le plaisir de les découvrir au dernier moment et ils devront s’adapter aux difficultés sans les avoir reconnues avant.
* Une manifestation qui après une implantation fuxéenne c’est localisée à Lavelanet au cœur du Pays d’Olmes en 2005. Pourquoi avoir repris cette course en tant qu’organisateur en 2008 ?
Jeune trailer, depuis 2006, la passion m’avait vite gagnée et j’étais en train d’organiser mon premier Off quand l’ancienne équipe d’organisation, démissionnaire, m’a proposé de reprendre l’organisation. J’ai décidé de tenter l’aventure et bien aidé par les autres membres du bureau nous avons su continuer à faire vivre l’épreuve.
* Inévitablement une petite voix vient murmurer à ton oreille cet adage : « On ne change pas une équipe qui gagne » ! Quel est le noyau dur de l’organisation ?
Depuis la première organisation, en 2008, quelques membres du bureau sont toujours là, mais d’autres sont partis, moins intéressés ou appelés par d’autres activités. On a su s’adapter, se répartir les tâches, et l’on parvient toujours à organiser. On a aussi accueilli de nouveaux membres, mais avec précaution, car la mauvaise personne pourrait vite perturber le fragile équilibre de notre bureau.262109_1875519165455_2784000_n
* Combien y a t il de bénévoles le jour de la course ?
Entre 100 et 150, répartis à la fois sur les points clefs du parcours, les ravitaillements, et le site d’arrivée dans le marché couvert de Lavelanet.
* Ici mettre en valeur le territoire est essentiel, de même que le patrimoine et le respect de l’environnement. Pourquoi et quelles sont les actions mises en place dans ce but ?
Je n’ai pas l’habitude de jouer du pipeau, et je ne prétendrai donc pas que l’environnement est mon combat. On fait quelques efforts, comme le tri des déchets après repas ou l’emploi de verres recyclables. Mais on ne fait pas d’effet d’annonce comme certaines courses, qui imposent aux coureurs d’avoir leurs gobelets, alors que l’on en trouve toujours en plastique sur les ravitaillements. L’ « eco » présenté à toutes les sauces comme effet d’annonce ne m’intéresse pas.
* Quelles sont les plus grandes difficultés rencontrées dans l’organisation d’un tel évènement ? Quel est le point le plus compliqué à gérer ?
Je ne vois pas de difficultés particulières, depuis 2008 nous sommes rôdés aux tâches à accomplir. La partie la plus pénible reste la mise en place de tous les dossiers administratifs, avec de nouvelles contraintes qui arrivent chaque année.
* Ta plus grande satisfaction en tant qu’organisateur ? Ta plus grosse déception ?
Difficile…J’avoue que quand je me trouve au bas de la descente de Sainte Ruffine et que les coureurs en terminent en me remerciant, j’ai eu plusieurs fois les larmes aux yeux. De belles émotions qui récompensent le travail accompli.
Pour la partie négative, on est parfois déçu par des gens qui complotent dans notre dos pour nous mettre des bâtons dans les roues, mais ça reste marginal.
* Ta pire frayeur ? Ton meilleur souvenir ?
Çà a parfois été chaud quand certaines personnes nous ont compliqué la tâche très près de la date, mais on s’est battu et on s’en est sorti.
Des bons souvenirs il y en a plein, partir à contre sens dans la neige à la frontale, lors de la première édition, pour aller chercher les derniers coureurs, voir mon frère terminer son 73km, et beaucoup d’autres moments d’émotions.

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* S’il y a un point sur lequel un organisateur doit se montrer intransigeant, lequel est-ce ?
Il y en a beaucoup pour satisfaire tout le monde, mais je suppose que la réponse attendue est la sécurité.
* Selon toi, qu’est ce qui fait la réussite d’un évènement du point de vue du participant ?
Que l’on ne se foute pas de lui. Essentiel, car un beau parcours ou de jolis cadeaux souvenirs ne font pas tout.
* On dit souvent que pour être un bon organisateur, il faut ressentir les émotions des coureurs. Qu’en penses-tu ?
Je suis d’accord. Étant coureur je sais comment cela se passe, ce qu’il faut prévoir pour que tout aille bien. Cela me semble difficile à appréhender si l’on n’a pas pratiqué le trail.
* Aussi, quels conseils donnerais-tu aux personnes qui aimeraient courir ton épreuve ?
D’arriver un minimum préparés, à courir dans la boue, à apprivoiser cotes et descentes glissantes. Mais aussi de prévoir une lessive efficace pour le retour.
* Que penses-tu de tout ce choix de trails en France et de cette popularisation autour du trail ?
Ça ne me gêne pas qu’il y ait beaucoup d’épreuves, à nous de choisir celles qui nous correspondent. Par contre je n’aime pas les épreuves montées par des boîtes ou des organisations qui sont là pour faire du fric sur le dos des coureurs, mais on les repère assez vite. Je regrette aussi le tournant professionnel et commercial que prend le trail, mais c’est à nous de garder et de proposer des épreuves avec de vraies valeurs.
* Que penses-tu de l’inscription en ligne par rapport à l’inscription traditionnelle par bulletin papier ?
C’est un gain de temps énorme. Je ne traite que quelques inscriptions papiers, à côté des échanges et autres annulations, mais cela fait perdre beaucoup de temps, pour des organisateurs qui restent bénévoles et y consacrent une partie de leur temps libre.
* Quand tu n’organise pas, comment occupes-tu ton temps ? Pratiques-tu une activité sportive?
Je cours et m’entraine, entre trois et cinq fois par semaine, et j’adore créer affiches, motifs de t-shirts ou buffs, profils de courses, pour les Citadelles et aussi quelques autres organisations. Pour le reste, ça restera du domaine du privé.
* Ce que tu voudrais que les gens retiennent de la 18ème édition ?
Pour les coureurs du 70km, qu’ils ont aimé découvrir certaines parties du parcours au dernier moment. Pour tous, qu’ils ont vécus une belle aventure et se sont créés de beaux et nouveaux souvenirs.
* Enfin, dernière question, quel est ton rêve en tant qu’organisateur ?
Il y a plein de nouvelles courses que j’aimerais organiser, sur les sentiers du Pays d’Olmes, dans le massif du Saint Barthélémy ou encore ailleurs. Mais étant bénévole, même avec la solide équipe qui m’entoure, c’est une tâche impossible car les Citadelles suffisent à occuper une grande partie de l’année. Alors je me contente d’organiser un Off de temps en temps, en proposant un circuit intéressant à quelques connaissances, la sortie étant suivie d’un bon repas. Les Citadelles en sont une version officielle à grande échelle.

Merci pour tes réponses, ton enthousiasme et… bonne organisation en 2016 !